vendredi 10 décembre 2010

Symboles et attributs

Les symboles tangraïste grâce à leur simplicité et leurs configurations naturelles survivent à tous les épreuves.

Soleil et Lune

Je perçois le drapeau bleu de la République Sakha (Yakoutie) avec le Soleil blanc comme un drapeau tangraïste. En effet, on assimilait souvent Tangra au Ciel bleu éternel et les Sakhas gardent cet interprétation du mot « tangara » dans le langage poétique. Le soleil était l’autre symbole de Tangra.



Ainsi dans la Yakoutie contemporaine les drapeaux tangraïstes flottent sur les bâtiments administratifs, nous les voyons dans tous les établissements publiques et dans beaucoup des écoles. On peut comparer ce phénomène avec l’image des croix sur les drapeaux de plusieurs états européens ou celui du croissant sur les drapeaux des états musulmans.
Notons que les tables traditionnelles sakhas (« sandal ») sont rondes, les chapeaux des femmes étaient décorés par un disque rond en argent.
Le Soleil, la Lune et le Feu font partie des symboles de la Mongolie. Le Croissant est un symbole historique de la nation turque qui est devenu ensuite l’emblème de l’islam. Il est significatif que le titre des souverains huns (« Chan-uï » en transcription chinoise) était « Empereur, semblable à la Lune ». On peut le traduire en sakha comme «Khan-Yï » ce qui correspond probablement à sa prononciation par les Huns.
Ainsi la religion tangraïste participe à la construction d'une identité, ethnique ou nationale car elle constitue un réservoir de signes anciennes, originales et prestigieuses. Alors que les pratiques et les croyances religieuses sont en déclin, la majorité des Sakhas continuent à pratiquer les rites tangraïstes et affirment par là leur attachement à leur histoire et à leur culture. Ils préfèrent participer aux moments forts de l'expérience religieuse comme Yssyakh – la fête de la solstice. Privilégiant les grands rassemblements qui sont, par la force des choses, spectaculaires, de telles expériences fonctionnent plus sur la base d'une mobilisation affective et émotionnelle que sur celle d'une adhésion à un contenu religieux et mythique.

Croix tangraïste

La croix tangraïste ansée est si largement utilisée comme un ornement que les Sakhas ont oublié son nom. Dans plusieurs langues turco-mongoles, on traduit le mot « croix » par le mot « adja ». Notons que les ennemis des tangraïstes (du peuple du Soleil) dans les épopées sakhas sont designés parfois par le terme « adjaraï » qu’on peut traduire comme « les croisés ». On ne peut pas ainsi exclure que les ancêtres des Sakhas a été en conflit avec certains peuples turco-mongols chrétiens de confession nestorienne. De toute façon la croix est l’un des symboles les plus anciens de la religion tangraïste, elle-même.
Actuellement, les croix tangraïstes sont gravées sur la porte du Parlement de la Yakoutie. 



La Maison de la Spiritualité à Yakoutsk est abandonnement décorée par les croix et autres symboles tangraïstes.


© JIPTO, Grigori TOMSKI, 1988-2005

Notons que la croix chrétienne avait initialement la forme en tau, accréditée par le Christ dérisoire du Palatin, par des sarcophages chrétiens des premiers siècles et par quelques textes patristiques. A partir de l’empereur Constantin la croix se répand largement. On n’y exclue pas une influence des Huns tangraïstes qui sont devenus à cette époque les voisins des Romains. Il est intéressant à cet égard que la croix sur le casque de cet empereur était une croix ansée qui ne ressemble pas du tout à l’instrument du supplice du Christ.

Art des steppes et autres symboles

Beaucoup des Sakhas ont des costumes nationaux qu’ils portent à l’occasions des grandes fêtes. Je n’ai pas un tel costume, mais je serais ravi de porter des vêtements avec les éléments décoratifs tangraïstes. A cette fin, on peut décorer, par exemple, les cravates et les ceintures. Ainsi les boucles et les plaques des ceintures peuvent être ornées des croix tangraïstes mais aussi des éléments de l’antique et prestigieux art animalier des steppes.



L’art des steppes nous rappelle l’époque des Huns et des grands empires tangraïstes. Son influence est perceptible dans l’art décoratif des peuples germaniques.
Les symboles tangraïstes décorent en Yakoutie les meubles et les vaisselles, les colliers et les autres bijoux, les tapis brodés et les plateaux des jeux. Notons qu’on trouve certains de ces symboles dans les tapis de l’Asie Centrale et de la Turquie :

« En Orient, l’origine nomade du tapis est reconnue. Les peaux de bêtes, puis les nattes recouvrant sol et parois de la yourte traditionnelle pour protéger du froid font peu à peu place aux tapis. Objets de nécessité assurant un meilleur confort dans la tente, les qualités esthétiques des tapis se précisent grâce à l’inspiration créatrice et au don de matérialiser les rêves de celles et ceux qui les produisent. » (Odette Gibaud, Mieux connaître les Tapis, Les Editions de l’Amateur, 1990, p.7).

Ainsi les 24 figures cruciformes occupent la partie centrale du plus ancien tapis noué connu à ce jour, fabriqué il y a 2 500 ans et trouvé dans la tombe d’un chef saka dans le massif montagneux de l’Altaï.
Les objets décoratifs avec les symboles et motifs traditionnels contribuent certainement à la meilleurs qualité de la vie. L’attirance des pratiques religieuses augment si on réalise le caractère ludique de plusieurs rites sacrés.

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